Les communautés locales et les associations environnementales du Nord-Kivu ont réaffirmé ce mercredi 12 juin leur ferme opposition à l’exploration pétrolière dans les parcs de Virunga et Salonga. Dans une conférence de presse organisée à Goma à l’occasion de la célébration en différée de la journée mondiale de l’environnement, les intervenants sont entre autres revenus sur l’immense et riche diversité d’écosystèmes, de faune et de flore, aujourd’hui menacée par une série d’attribution des licences d’explorations pétrolières par Kinshasa.

Bien que la compagnie française Total ait annoncé fin mai qu’elle se retire des opérations d’exploration pétrolière du Bloc III dans le Graben Albertine au nord-est de la RDC, d’autres groupes restent dans la course. Il s’agit d’Efora Energy Limited, Semliki Energy SARL et la Société Nationale des Hydrocarbures qui poursuivent leur lobbying auprès des nouvelles autorités congolaises pour poursuivre les opérations de prospection des hydrocarbures.  

Mais pour la société civile locale, pas question de laisser les compagnies occidentales agissant en complicité avec les autorités politiques détruire les fragiles écosystèmes du Rift Albertin. Après une mobilisation réussie contre l’octroi des licences d’exploration pétrolière le 25 mai dernier dans le cadre de la journée africaine et l’envoi d’une lettre ouverte au président Tshisekedi appelant à mettre fin à l’attribution des licences d’exploration pétrolière dans les écosystèmes sensibles du Rift Albertin, elle a de nouveau lancé un cri d’alarme pour stopper d’urgence la mise en péril des sanctuaires de biodiversité menacés par l’exploration pétrolière.

Tout en rappelant les dangers qui pèsent déjà sur ces écosystèmes sensibles, à savoir  la déforestation, l’insécurité, la pollution, la destruction des moyens de subsistance des communautés et le dérèglement climatique, les communautés riveraines ainsi que la société civile locale ont spécifiquement:

  • réaffirmé leur désaccord avec les initiatives de désaffectation des aires protégées ou une de leurs parties au profit de l’exploitation du pétrole.
  • exigé un arrêt immédiat du processus d’octroi des licences d’exploration du pétrole dans ces écosystèmes sensibles, notamment  le projet de désaffection d’une partie du Parc des Virunga et d’une autre partie du Parc de la Solanga, tous inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO et faisant partie des sites RAMSAR.
  • appelé le gouvernement congolais pour le strict respect des lois nationales et des conventions internationales en matière de sauvegarde de l’environnement, de promotion et  protection des droits des paysans.
  • demandé avec insistance au gouvernement de prioriser les investissements dans les énergies renouvelables pour promouvoir le développement durable des économies locales à travers des alternatives économiques existantes au sein des aires protégées.

Pour rappel, le parc national des Virunga – le plus ancien d’Afrique – déjà inscrit au au patrimoine mondial de l’UNESCO abrite 43% des espèces d’oiseaux d’Afrique, 27% des mammifères d’Afrique et plus de 10% de ses reptiles, amphibiens et plantes en plus de plusieurs espèces rares et menacées qui n’existent nulle part ailleurs dans le monde.

Les communautés locales et les associations environnementales du Nord-Kivu comptent multiplier leur actions d’information, de mobilisation et de plaidoyer pour faire plier bagage les dernières compagnies pétrolières et politiciens véreux aux ambitions mercantilistes insatiables.